Construit pour l’Exposition universelle de 1900, le Petit Palais, situé juste en face du Grand Palais, abrite aujourd’hui le Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, offrant une collection riche allant de l’Antiquité au 19e siècle. En 2024, pour la première fois, le Petit Palais collabore avec Art Basel Paris. À cette occasion, voici quelques aspects inédits de ce joyau architectural.
Un bateau dans les airs
Tout en haut du fronton triangulaire de la façade principale du Petit Palais, une étrange nef flotte dans les airs. Construit par l’architecte Charles Girault en 1900 pour l’Exposition universelle, en même temps que le Grand Palais qui lui fait face de l’autre côté de l’avenue Winston-Churchill, le Petit Palais ouvre deux ans plus tard en tant que Musée des beaux-arts de la Ville de Paris. Ce bateau est l’emblème de la cité, accompagné par sa devise, Fluctuat nec mergitur (« Il est battu par les flots et ne sombre pas »).
Le Petit Palais n’a pas été fait en un jour
La réalisation des décors du Petit Palais s’est étalée sur plus de 20 ans, jusqu’à la dernière touche mise en 1925 à la coupole de Maurice Denis sur la gloire de l’art français. Cela explique en partie la grande diversité de thèmes et de formes de ces peintures. Des photographies montrent les ailes droite et gauche du musée, de part et d’autre du hall d’entrée : elles sont encore vierges des œuvres qui ont été réalisées plus tard par Fernand Cormon, Georges Picard, ou Alfred Roll. L’atmosphère y était bien différente d’aujourd’hui.
« Toutankhamon et son temps » : une première exposition blockbuster
1967. Des photographies en noir et blanc montrent une foule cernant le Petit Palais. Les visiteur·euse·s attendent d’entrer dans l’exposition consacrée aux trésors de la tombe de Toutânkhamon, découverte une quarantaine d’années plus tôt. Cet événement a été exceptionnel à plus d’un titre, à commencer par sa fréquentation : 1,24 million de visiteurs en six mois – un record battu en 2019 seulement, par une autre exposition Toutânkhamon à la Grande Halle de la Villette. Il faut dire que la manifestation, initiée par Christiane Desroches Noblecourt pour réchauffer les liens entre la France et l’Égypte, présentait ces objets inédits en France dans une scénographie innovante avec des cimaises et des éclairages colorés. Elle était accompagnée par l’un des premiers audioguides, dans lequel la commissaire elle-même était enregistrée. Le livre d’or rempli par les visiteur·euse·s témoigne de l’émotion suscitée par ce déploiement magistral.
Un café bien caché
Derrière les hautes herbes du jardin qui occupe le centre du bâtiment, le café du Petit Palais est l’un des lieux les plus paisibles du quartier des Champs-Élysées. Les mosaïques au sol de la coursive, et celles qui tapissent les bassins avec des tesselles bleu et or chatoyantes, évoquent les basiliques de Ravenne. Ce café a été inauguré à la réouverture du musée, après des travaux effectués en 2004. Mais son projet remonte à une époque bien plus ancienne : André Chamson (1900-1983), conservateur au Petit Palais et célèbre écrivain, qui avait été responsable des dépôts des musées nationaux pendant la Seconde Guerre mondiale, avait déjà évoqué dans la presse l’idée d’installer là un lieu de repos et de contemplation. À l’époque, son projet avait été mal reçu. Il était pourtant visionnaire.
Un Cézanne offert par Matisse
Plus que par des acquisitions, la collection du Musée des beaux-arts de Paris a été largement constituée par des donations de collectionneur·euse·s comme les frères Dutuit, de marchand·e·s comme Ambroise Vollard, de familles d’artistes comme celle de Juliette Courbet, la sœur de Gustave Courbet, et d’artistes eux·elles-mêmes comme Henri Matisse. C’est lui qui a offert au Petit Palais l’un de ses chefs-d’œuvre : Trois baigneuses (1879-1882) de Cézanne, qu’il avait toujours conservé dans son atelier.
Jesse Darling et les Conversations
Pendant Art Basel Paris, le Petit Palais accueillera une installation de l’artiste anglais Jesse Darling. Lauréat du prix Turner en 2023, il est l’une des voix qui comptent sur la scène britannique. À Paris, il livre une réinterprétation de son œuvre C’mon England (2023), présentée à la Towner Gallery à Eastbourne, en Angleterre, l’année dernière. Les barrières métalliques qui la composent évoquent pour l'artiste l’esprit des luttes sociales et politiques.
Le Petit Palais sera également le théâtre du programme des Conversations de la foire, orchestré pour la troisième année consécutive par Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou. La série de Conversations comprendra 11 tables rondes réunissant des personnalités du monde de l’art et de la culture. Elle explorera des thèmes comme l’évolution du paysage des galeries et des musées, les tendances artistiques émergentes dans les domaines non occidentaux et numériques, et Paris en tant qu’épicentre de la culture queer.Parmi les temps forts, on peut citer le Premiere Artist Talk avec l’artiste française d’origine turque Nil Yalter, lauréate du Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise 2024.