Dans le texte Cry me a river (2024) de Mégane Brauer, née en 1994, les pré-adolescent·e·s d’une banlieue périurbaine profitent de l’été pluvieux pour apprendre à nager. Lorsque des huissier·ère·s font irruption, le vide s’installe. Pour les parents, la honte et la débrouille constituent l’horizon ordinaire de la précarité. Pour la narratrice, ces émotions qu’elle découvre vont irrémédiablement teinter ses souvenirs d’enfance.
Le récit est au cœur d’un cycle d’expositions que l’artiste initie en 2023 au Musée Transitoire à Paris et sert de point de départ au livre du même nom, qui sera publié fin février 2025. Il se prolonge cet automne avec un deuxième volet intitulé « Les rois du monde » au Musée d’art contemporain [mac] de Marseille, la ville où vit et travaille l’artiste. La diplômée de l’Institut des Beaux-Arts de Besançon y faisait ses premiers pas remarqués en 2020, avec notamment une résidence à Triangle-Astérides, puis une exposition à La Rose, un espace d’art des quartiers Nord, en 2021. Elle rejoint la galerie Air de Paris en 2022 et expose depuis dans de multiples lieux en France, notamment aux Magasins Généraux à Pantin et à la Fondation Fiminco à Romainville la même année.
Mégane Brauer s’adonne à des allers-retours entre une écriture souvent autofictionnelle et l’assemblage d’objets discount. L’artiste s’exprime par une parole située qui manie les codes et la grammaire des plus précaires. Pour attirer l’attention sur une réalité souvent ignorée ou dénigrée, elle mobilise les ruses de la séduction et des sensations. Parmi ses pièces emblématiques, on trouve ainsi des spaghettis Lidl pailletés ou des broderies sur torchons de ménage. Le monde de l’art rencontre, avec Mégane Brauer, une figure qui allie les mots, les choses et beaucoup de strass dans la lutte contre l’invisibilisation des classes populaires.