En collaboration avec Numéro art

À l’occasion de l’exposition que le Victoria and Albert Museum de Londres consacre à la collection de photographies de Sir Elton John et son mari David Furnish, Newell Harbin, directrice de la collection, raconte l’histoire du couple avec cinq de ces chefs-d’œuvre, signés Robert Mapplethorpe, Peter Hujar ou encore Herb Ritts.

L’autoportrait de Robert Mapplethorpe

« Il m’est impossible de parler de cette photo sans que ne me revienne son ancienne place dans la résidence d’Elton John à Atlanta. Là-bas, il exposait une large collection d’œuvres en verre, et cet autoportrait de Mapplethorpe trônait au-dessus d’un ensemble de verreries verticales rouges et orange, qui ressemblaient étonnamment à des flammes… Cet arrangement quelque peu fantaisiste transformait Mapplethorpe en une sorte de diable régnant sur leur salon ! Seuls Elton et David, avec leur sens de l’humour espiègle, peuvent ainsi réinventer l’un des autoportraits les plus emblématiques de la photographie. »

Un Polaroid de Tom Bianchi

« J’adore la façon dont Elton et David intègrent pleinement l’art dans leur vie, mais aussi cette générosité qui les pousse à partager cette passion. Ils ont notamment une charmante tradition : à chaque fois qu’ils reçoivent un∙e ami∙e proche à l’occasion d’un anniversaire ou d’une fête, ils lui offrent une photographie, et leurs ami∙e∙s font de même. Ce cliché est un cadeau de Noël d’une de leurs amies chères, qui avait conscience de l’importance du travail de Tom Bianchi dans leur collection. Elle nous a raconté que, dès l’instant où elle a posé les yeux sur cette image, sur ce corps gracieusement cambré sur une plage, elle y a vu le cadeau parfait pour le couple. »

La drag-queen Divine vue par Peter Hujar

« La vaste collection de photographies de la scène underground new-yorkaise des années 1980 que possède Elton comprend un éventail remarquable de 20 clichés signés Peter Hujar. Parmi cet ensemble, cette photographie de 1976, qui capture la présence scénique électrisante de l’emblématique drag-queen Divine (1945-1988), une figure culte de l’époque. J’ai le privilège d’avoir cette photo accrochée au-dessus de mon bureau depuis des années : c’est comme si “sainte Divine” veillait sur moi chaque jour, comme une présence constante et inspirante… »

Herb Ritts, le symbole d’un amour naissant

« L’une des anecdotes amoureuses les plus mémorables du couple est celle que David évoque souvent à propos des premiers jours qui ont suivi sa rencontre avec Elton. Un soir, après dîner, David remarque une monographie d’Herb Ritts sur la table basse d’Elton. Les deux ont alors passé le reste de la soirée à feuilleter les pages de cet ouvrage, en commentant inlassablement chaque image. Cette passion qu’ils partagent pour la mode se traduit dans leur collection, avec plus de 65 œuvres de Ritts, qui deviennent finalement un témoignage de leurs goûts communs, mais aussi et surtout de ce qui, à l’époque, les a rapprochés. »

Chet Baker par Herman Leonard, une source d’inspiration constante

« Étant eux-mêmes les sujets de nombreux clichés, Elton et David ont une grande estime pour leurs collègues musicien∙ne∙s, acteur∙rice∙s, réalisateur∙rice∙s ou artistes qui, comme eux, sont fréquemment photographié∙e∙s. Si leur collection ne contient qu’une part restreinte de portraits de célébrités, celle-ci se concentre surtout sur un groupe précis de personnalités influentes tels qu’Igor Stravinsky, Salvador Dalí, Truman Capote… et Chet Baker, dont ils possèdent plus de 15 clichés réalisés par divers photographes. Une place centrale qui traduit la fascination du couple pour cette légende du jazz, source constante d’inspiration pour Elton. »

Crédits et légendes

Cet article fait partie d’une collaboration éditoriale avec Numéro art. Retrouvez l’article original ici.

« Fragile Beauty: Photographs from the Sir Elton John and David Furnish Collection »
Jusqu’au 5 janvier 2025
Victoria and Albert Museum, Londres

Légende de l’image en pleine page : Herb Ritts, Versace Dress (Back View), El Mirage, 1990 © Herb Ritts Foundation. Avec l’aimable autorisation de Fahey Klein Gallery, Los Angeles