Toutes les six semaines, l’équipe de rédaction d’Art Basel choisit ses expositions favorites à travers le globe. Voici neuf expositions à ne pas manquer ce printemps.
Exposition collective
« Temps Z »
Mennour, Paris
Jusqu’au 30 mars
Mennour présente la première exposition des lauréat∙e∙s de Mennour Emergence, initiative lancée par la galerie pour accompagner la création émergente. Baptisée « Temps Z », elle rassemble les œuvres de six artistes issu∙e∙s de la promotion 2023 des Beaux-Arts de Paris. Tou∙te∙s font partie de « la génération Z », à qui l’on promet la fin du monde. Les toiles de Lucie Antoinette nous invitent dans les territoires inconnus de l’inconscient, aux allures d’abysses ou de profondes forêts. Joséphine Berthou propose une installation immersive qui emmène le∙la spectateur∙rice dans les angoisses de la vie virtuelle et de ses dangers invisibles. Les sculptures de Thibault Hiss jouent avec le ready-made et prennent la forme de natures mortes installées dans un futur apocalyptique. Nina Jayasuriya utilise la céramique et le tatouage pour raconter les effets du tourisme de masse et de la mondialisation au Sri Lanka. Nicolas Kyrillou associe la photographie et l’installation pour disséquer la situation de son pays d’origine, Chypre, divisé après une invasion militaire illégale en 1974. Sehyoung Lee conçoit des performances et des installations sonores dans lesquelles il parle de son identité comme d’un carrefour d’influences où se mêlent « asianité », Occident et culture globalisée. J. A.
Wendimagegn Belete
« Rite of Passage »
NOME, Berlin
Jusqu’au 13 avril
À Nome, à Berlin, l’artiste éthiopien Wendimagegn Belete utilise la narration et la forme pour explorer l’histoire, l’identité et la spiritualité. Son exposition, intitulée « Rite de passage », présente quatre peintures et deux installations d’objets, qui témoignent de son habileté à combiner le support et le message. Les peintures commencent par des sérigraphies de photographies d’Afrique de l’Est du début du XXe siècle, sur lesquelles l’artiste a superposé une multitude de couleurs et de formes éclatantes. À distance, le∙la spectateur∙rice discerne des dessins techniques avec des détails architecturaux. Les deux objets, fabriqués à partir de tissus et d’éléments collectés dans 70 villages éthiopiens, et ornés d’un collier de perles en bois, mettent en évidence la vie communautaire et cérémonielle. L’exposition est un dialogue avec l’histoire, qui présente Wendimagegn Belete comme un pont entre les mondes. A. R.
Farah Al Qasimi
« Toy World »
The Third Line, Dubaï
Jusqu’au 19 avril
Connue pour ses compositions photographiques explorant les dynamiques d’accélération qui façonnent les Émirats arabes unis en tant que site où passé et futur fusionnent dans le présent, Farah Al Qasimi utilise les images comme un∙e compositeur∙rice utilise la notation. Les photographies sont définies par des juxtapositions et des contrastes, avec des pains de savon colorés sur des carrelages monochromes de salles de bain et des robes bigarrées sur des tapis à motifs, eux-mêmes accrochés à des murs ornés de tirages grand format tout aussi exubérants, créant ainsi une partition visuelle. « Toy World » reflète une évolution significative, puisque sont incluses, pour la première fois, des images en noir et blanc, présentées à côté d’impressions collées au mur avec du ruban adhésif. Dans une séquence, les murs en béton d’une maison en construction et un tas d’os de chameaux encadrent l’image centrale d’une tête de chameau couverte de mouches : une vanité, en quelque sorte. S. B.
Exposition collective
« HARD/SOFT: Textil und Keramik in der zeitgenössischen Kunst » [« HARD/SOFT : Textiles et céramiques dans l'art contemporain »]
MAK, Vienne
Jusqu’au 20 mai
Axée sur l’art textile et la céramique, l’exposition « Hard/Soft » présente des sculptures, des tapisseries, des tissages et même des instruments de musique brodés, tissés, ornés de nœuds ou cuits par plus de 40 artistes tel∙le∙s Geta Brătescu, Kapwani Kiwanga, Hana Miletić, Willem de Rooij ou Rosemarie Trockel. Alors que textile et céramique semblent s’opposer, cette grande exposition « coup de cœur » souligne que les processus (de pensée) qui sous-tendent ces deux artisanats partagent la même fluidité intrinsèque, les techniques étant presque toujours issues de traditions communautaires parfois ancestrales. À la fin de l’exposition, ne pas manquer les carreaux de céramique du collectif artistique autrichien Gelitin. K. B.
Zheng Chongbin
« Immeasurable Things »
gdm, Hong Kong
Du 21 mars au 1er juin
Après l’installation, pendant un an, de 10,000-Year View, une commande in situ commémorant le 60e anniversaire du Musée d’art de Hong Kong (HKMoA) qui recouvrait une partie de ses fenêtres de couches de grillage transparent et de deux écrans OLED, Zheng Chongbin revient à Hong Kong avec une autre expérience spatiale chez gdm. Associant les influences de la peinture à l’encre et du mouvement californien Light and Space, Immeasurable Things - Life flows within and without you (2024) est une projection vidéo à trois canaux créée à partir de papier xuan peint, taché et collé, qui fait écho aux principes du shanshui, un style de peinture à l’encre qui relie le matériel au cosmique, le subjectif à l’objectif. Présentée dans une boîte noire, l’installation évoque l’essence des paysages à l’encre, un espace où le temps se dilate et où tout s’écoule. S. B.
Laure Prouvost
« IN THE MIST OF IT ALL, ABOVE FRONT TEARS »
De Pont Museum, Tilbourg
Jusqu’au 18 août
Regorgeant de paysages contemplatifs, de scénarios dystopiques et de vidéos à l’humour noir, la pratique de Laure Prouvost ne cesse de se transformer, contrastant faits et fiction, et engendrant un sentiment de curiosité et de fascination à chaque regard. Pour cette exposition, l’artiste française aborde des thèmes allant de l’écologie au corps féminin, en passant par la migration dans ce que le musée décrit comme un « monde surréaliste, absurde et poétique qu’elle a elle-même créé ». L’installation vidéo centrale voit le personnage de « Grandma » – une figure récurrente dans la pratique de Laure Prouvost, explorée dernièrement dans son exposition « Ohmmm age Oma je ohomma mama » à la Kunsthalle Wien (2023) – s’envoler au-dessus des nuages, entraînant les visiteur∙euse∙s dans son sillage. E. M.
Exposition collective
« Le Contre-Ciel »
Empty Gallery, Hong Kong
Du 24 mars au 25 mai
Lorsque Stephen Cheng a ouvert Empty Gallery, il a décidé de présenter l’art dans un environnement sombre, caverneux et dramatique – un cube noir, en quelque sorte, plutôt que le white cube généralement associé aux galeries commerciales. Stephen Cheng n’a jamais dévié de son engagement envers la radicalité, encore amplifié par les audacieux∙ses artistes de son programme, tel∙le∙s Jes Fan, Tishan Hsu et Raha Raissnia. Pour célébrer sa 30e présentation, Empty Gallery a invité la conservatrice OIivia Shao à organiser une exposition collective poursuivant son exploration des intersections culturelles et spirituelles initiée avec « Of Mythic Worlds: Works from the Distant Past through the Present » au Drawing Center de New York, où elle travaille. « Le Contre-Ciel » réunit ici 25 artistes d’origines et de générations différentes, dont la pionnière américaine du photogramme Liz Deschenes, la légende japonaise du butō Kazuo Ōno et la peintre franco-canadienne Magalie Comeau. K. C.
Minh Lan Tran
« Communications Grounds »
Parliament, Paris
Jusqu’au 13 avril
Comme un ciel avant l’orage, les peintures de Minh Lan Tran sont porteuses d’une catharsis imminente. L’artiste née à Hong Kong et basée à Londres crée des compositions abstraites qui rappellent un paysage volcanique et brûlant ; les bruns profonds sont parsemés d’éclairs rouge vif, les surfaces rouillées tachent progressivement une toile crayeuse, comme un brouillard dense envahirait une pente rocheuse. L’ensemble des œuvres exposées à la galerie Parliament dégage une impression de violence sourde, mais contrôlée. Minh Lan Tran orchestre habilement cette symphonie picturale, inspirée par son intérêt pour les écritures bouddhistes et la danse. Les nombreuses expositions qu’elle a présentées ces deux dernières années et le mystère séduisant de ses œuvres prouvent que la recette est un succès. K. C.
Wifredo Lam
« Homecoming »
Asia Society, Hong Kong
Du 23 mars au 2 juin
« Homecoming » est un véritable retour pour le peintre cantonais afro-caribéen d’origine cubaine Wifredo Lam : un géant parmi les modernistes du 20e siècle, qui a travaillé avec des sommités comme Aimé Césaire et Édouard Glissant, et s’est lié d’amitié avec des personnalités comme Isamu Noguchi, Roberto Matta et Victor Serge. Composée de gravures, de souvenirs personnels et de peintures, la première grande exposition de Wifredo Lam à Hong Kong retrace les chapitres de sa vie, de La Havane à Madrid, où il s’est formé auprès de Fernando Álvarez de Sotomayor, ancien professeur de Dalí, et à Paris, où il s’est rapproché des cubistes et des surréalistes. Organisée par Eskil Lam, de la Wifredo Lam Estate, assisté de Hain Yoon et avec le soutien de Stéphane Lam, du Pavillon Rouge des Arts, à Lyon, « Homecoming » retrace la suite de son parcours à Marseille, Cuba et en Italie. S. B.