Erasmia Kadinopoulou
« Until Light Slaps »
Petrine, Paris
Jusqu’au 27 juillet
La galerie Petrine, nichée dans le 10e arrondissement de Paris, fera ses débuts à Art Basel en octobre et accueille cet été une exposition personnelle de l’artiste grecque Erasmia Kadinopoulou. Un grand nichoir en bois occupe l’espace et invite le∙la spectateur∙rice à jeter un œil à travers ses trous. Aucun oiseau en vue, mais un dialogue intérieur entre les lumières. Face au nichoir, deux lampes incarnent le mouvement infini et identique du soleil : se lever, se coucher. L’exposition présente également des photographies dans les mêmes tons chauds que les œuvres exposées, un petit carnet comme un jeu de cartes avec des poèmes et des illustrations, et une boîte en velours ornée d’un oiseau. Dans ce décor silencieux, discret, mais bien vivant, la lumière semble être le personnage central, invisible bien que perceptible – comme une nuée d’oiseaux fantômes. J. A.
Ellen Berkenblit
« Flugenhorns »
Contemporary Fine Arts (CFA), Berlin
Jusqu’au 3 août
La première exposition personnelle de l’artiste américaine Ellen Berkenblit en Allemagne présente l’évolution de ses personnages féminins cartoonesques. Dans ces peintures grand format, les filles apparaissent comme des êtres à la fois durs, éblouissants et révoltés. L’utilisation récurrente d’arrière-plans sombres intensifie l’ambiance lugubre, soulignant les paysages émotionnels de ses personnages. Les tigres, les chevaux et les oiseaux qui peuplent les toiles reflètent l’attitude agressive de leurs sujets humains. Seule exception à cette noirceur, la présence de quelques enfants – leurs expressions de curiosité et leurs sourires timides accentuent le passage de l’innocence à l’endurcissement. Dans leur ensemble, ces œuvres provocatrices sont une invitation alléchante à rejoindre temporairement un état de mécontentement. A. R.
Sonia Gomes
« …vivem no compasso do sol »
Mendes Wood DM, Paris
Jusqu’au 3 août
Entre les mains expertes de Sonia Gomes, n’importe quel textile renaît sous la forme d’un personnage, d’un concept ou d’une idée – ou de tout cela à la fois. Le titre de l’exposition est emprunté à un texte de la commissaire d’exposition et chercheuse Yina Jiménez, et se traduirait par « vivre au rythme du soleil ». L’astre et le travail de l’artiste brésilienne ont en commun la circularité, d’un point de vue esthétique et poétique. Sonia Gomes n’utilise que des tissus qu’elle trouve ou qu’elle reçoit en cadeau, et dans « …vivem no compasso do sol », elle les combine avec des bronzes, des collages et des dessins pour prolonger les contes apportés par chaque nouveau cycle. Ses œuvres colorées, complexes et multimédia sont posées au sol, suspendues au plafond ou accrochées au mur, et constituent un sanctuaire où les visiteur∙euse∙s peuvent réfléchir à l’enchevêtrement délicat mais complexe de toutes choses. J. A.
Dennis Scholl
« Neue Wunden oder Vom Beginn der Unmittelbarkeit »
Kunstverein Göttingen
Jusqu’au 11 août
Les œuvres – peintures et dessins – de l’artiste allemand Dennis Scholl semblent à la fois anciennes et tout juste achevées. Elles représentent des scènes de rencontre – entre des personnes, des animaux, des plantes ou des hybrides de ces éléments, souvent dans des bois ombragés ou au bord de ruisseaux cristallins, ses personnages faisant allusion à l’intérêt de l’artiste pour la mythologie grecque et les contes populaires. Dans Transitional Environments (2023), par exemple, une figure non sexuée à moitié engloutie par un poisson et évoquant la créature mythique allemande Lorelei (une séduisante sirène du Rhin) sort de l’eau pour embrasser un visage émergeant d’un bouquet de feuilles de chêne. Ici comme dans la nature, la beauté, le danger et le mystère s’unissent plutôt qu’ils ne s’opposent, à l’instar des esprits farceurs de la forêt d’Am leeren grab (2024). K. C.
Exposition collective
« Twilight is a Place of Promise »
Esther Schipper, Berlin
Jusqu’au 24 août
Mettant en lumière le travail de 19 artistes né∙e∙s entre 1895 et 1996, cette exposition collective prend à la fois pour titre et pour point de départ un vers du poèmeThe Only Ones de Harryette Mullen. Qu’elles soient figuratives ou abstraites, les œuvres très diverses des artistes exposé∙e∙s (originaires du monde entier, certain∙e∙s sont historiques, d’autres déjà établi∙e∙s, d’autres encore émergent∙e∙s) abordent toutes les notions d’intériorité, de contemplation et de spiritualité. On notera la présence d'oeuvres provocatrices bien que subtiles, tels que les textiles de la libanaise Huguette Caland, décédée en 2019, les formes colorées de l’artiste éthiopienne Merikokeb Berhanu, ou encore un portrait poignant, peint sur du cuir de vache, de l’artiste américaine basée à Berlin Monilola Olayemi Ilupeju. K.B.
Exposition collective
« Voyage »
Maureen Paley : Morena di Luna, Hove (Royaume-Uni)
Jusqu’au 15 septembre
Pendant des années, la ville balnéaire anglaise de Hove a été l’escapade estivale de la galeriste Maureen Paley. En 2017, elle y a créé son troisième espace, Morena di Luna. Nichée au rez-de-chaussée d’un magnifique bâtiment géorgien, il est ouvert du printemps à l’automne et accueille deux expositions par an. Le millésime 2024 est séduisant : il rassemble des œuvres poétiques et méditatives sous le titre évocateur de « Voyage ». Parmi celles-ci, une figure solitaire dans un paysage rocheux de Jake Grewal, des paysages marins de Merlin James, un corps allongé enveloppé dans des draps de lit de Mike Silva, et une série de toiles en forme de hublots de l’artiste antiguais Frank Walter, aujourd’hui décédé. Une sélection d’images de la lune par l’antiquaire Nathaniel Lee-Jones, qui dirige la galerie de curiosités M. Goldstein, dans l’est de Londres, complète l’exposition, qui invite les visiteur∙euse∙s à un voyage dans le corps céleste, en écho au film de Georges Méliès de 1902 dont l’exposition tire son nom. C. M.
Peter Doig
Sant’Andrea de Scaphis, Rome
Jusqu’au 21 septembre
Si, cet été, vous vous retrouvez à arpenter les trottoirs brûlants du Trastevere, à Rome, Sant’ Andrea de Scaphis vous offrira un répit bienvenu. Outre des températures fraîches, l’ancienne chapelle abrite temporairement un petit bijou : un tableau du célèbre peintre écossais Peter Doig, qui vit à Trinidad. Alors que ses œuvres évoquent souvent son île des Caraïbes, celle-ci est résolument méditerranéenne : tels des rescapés d’un combat de gladiateurs, deux lions se côtoient – on ne sait pas s’ils se battent ou s’ils flirtent – dans un bâtiment en pierre s’ouvrant sur un paysage côtier, rendu dans les mêmes tons rouges que nombre de façades à Rome. Il s’agit d’une peinture ambiguë, curieusement composée et pourtant tout à fait séduisante, qui parvient à elle seule à remplir la chapelle sombre de cette énergie qui peut naître d’une discussion animée avec un∙e nouvel∙le amant∙e, en sirotant un Negroni en bord de mer. K. C.
Biennale de Bonifacio #2
Côte de Bonifacio
Jusqu’au 2 novembre
Avec pour toile de fond cette ville pittoresque située à la pointe sud de la Corse, la deuxième édition de la Biennale de Bonifacio s’articule autour du thème de la chute des empires, soulignant la dynamique entre décadence et émancipation, vandalisme et héroïsme, ruine et fondation. Intitulée « Roma Amor », l’exposition explore l’ambivalence de l’histoire, en mettant l’accent sur le passé, le présent et l’avenir de la Méditerranée. Avec les œuvres d’un peu moins de 20 artistes, dont des sculptures d’Ali Cherri, un film de Laurent Grasso, des photographies de Youssef Nabil et une installation vidéo de Bill Viola, l’exposition collective, organisée par le duo de commissaires Prisca Meslier et Dumè Marcellesi, convie les visiteur∙euse∙s à un parcours poétique et émotionnel à travers l’héritage culturel historique et l’identité contemporaine de Bonifacio. P. S.