Vos lieux incontournables pour manger et boire un verre ?

Sequoia Scavullo : Quand vous poussez la porte du Bec fin – chez Saïd, vous avez l’impression d’entrer chez quelqu’un, dans une maison où la tradition côtoie une certaine élégance. Ici, le couscous n’est pas juste un plat – c’est comme si on vous prenait dans les bras. Moi qui, avant, n’appréciais pas spécialement les merguez, je les ai trouvées différentes : épicées, juste comme il faut, et réconfortantes. L’ambiance est détendue et sans prétention, la salle est magnifique, et – détail important pour certain·e·s – les plats de service sont particulièrement beaux.

Kémia Paris est d’une grande simplicité, et c’est pour cela que sa cuisine est si savoureuse. Il y a peu de plats au menu, ce qui évite l'angoisse du choix ; ce dont vous pouvez être sûr·e, c’est que tout est frais et préparé avec soin. C’est une bonne leçon : parfois, less is more. Ici, ce qui compte, c’est la qualité de chaque plat – histoire de nous rappeler que la contrainte a parfois du bon, dans la vie comme dans l’assiette.

Apolonia Sokol : J’aime aller à La Chope des Artistes, un lieu sans prétention pour siroter des vins naturels sélectionnés avec soin et déguster de la nourriture maison. L’ambiance y est très animée – et assez unique à Paris. Beaucoup d’artistes s’y retrouvent – musicien·ne·s, comédien·ne·s, réalisateur·rice·s, peintres, mannequins… À La Chope, tout le monde se parle, en toute convivialité – la soirée ne peut jamais mal tourner !

La Corvée est une galerie associative installée dans une laverie automatique. En parallèle d’expositions d’artistes émergent·e·s comme Inès Di Folco Jemni et Camille Soualem, La Corvée propose des ateliers pour enfants et adultes, et un programme de résidence à destination de chef·fes désirant poursuivre des expériences en matière de cuisine gastronomique. Donc si vous y passez, vous aurez peut-être la chance de déguster un excellent repas tout en admirant des œuvres et en faisant tourner une machine !

L’Hôtel Particulier, avenue Junot, est un endroit amusant situé à Montmartre, près de mon atelier. C’est une demeure certes un peu imposante, mais avec un petit côté champêtre – des poules y courent en liberté. J’aime bien y aller pour un cocktail, surtout l’été, quand il fait si chaud à Paris : le jardin est magnifique, luxuriant, plein de fraîcheur. Mon atelier se trouve juste à côté, au Bateau-Lavoir, où Pablo Picasso a peint Les Demoiselles d’Avignon en 1907.

Vos boutiques préférées ?

SS : Allumer une bougie Diptyque a quelque chose de magique. Je ne parle pas seulement de sa senteur, mais de tout le processus – l’emballage, les longues allumettes et jusqu’au spectacle de la flamme qui consume lentement la bougie. Entrer dans une boutique Diptyque est comme pénétrer dans un grenier plein de secrets oubliés. Chaque parfum semble contenir une histoire, soulevant un voile de souvenirs que vous n’étiez même pas conscient·e d’avoir.

Et puis il y a Buly. Cet endroit est comme un bond dans un autre siècle tout en restant moderne. Il a cette élégance d’un autre temps avec un petit côté rebelle. On sent que les crèmes et les parfums auraient pu être portés par des rois et des reines, et pourtant, ils restent contemporains.

Les puces de Saint-Ouen forment un univers en soi. C’est cradingue, chaotique et on y trouve pas mal de contrefaçons, mais cela fait partie du charme. Il ne faut pas avoir peur de fouiller pour trouver son bonheur. Le mieux, ce sont les petits stands le long du tapis rouge. Tout l’intérêt réside dans le fait d’avoir à farfouiller pour trouver quelque chose encore imprégné de l’énergie de son ancienne vie.

AS : La boutique vintage la plus iconique est sans conteste la légendaire Noir Kennedy. Elle est tenue par Sandrine, une Parisienne un peu punk. Les pièces qu’elle propose sont aussi délirantes que rares. On y trouve aussi des classiques comme du Thierry Mugler et Yves Saint Laurent vintage. Vous ne serez jamais déçu·e en y allant.

L’artiste Vava Dudu réalise de magnifiques tenues recyclées ; elle peint ses poèmes sur des créations splendides, que ce soit des robes en soie ou des cuissardes Doc Martens. J’adore son travail, sa créativité, son style et son approche. Ce qui est assez beau, c’est que les personnes qui aiment ses œuvres se reconnaissent dans la rue. Nous sommes une communauté.

Plutôt que d’acheter des vêtements, je m’en remets à ma styliste Harmony Coryn (c’est son vrai nom), qui me prête des tenues de son atelier. C’est une mode plus durable. À titre personnel, je possède quelques pièces que je considère comme des œuvres d’art.

Vos bons plans pour la soirée ?

SS : La Chope des Artistes fait partie de ces endroits où vous laissez votre stress à l’entrée. On vient ici pour se détendre, pour échanger de grandes idées ou juste pour s’étourdir dans le moment présent. Les propriétaires ont le sourire généreux, comme de vibrants tournesols réchauffant une froide nuit parisienne. J’ai vu tant de premières rencontres amoureuses ici – je suis convaincue que l’endroit est un peu magique.

La Perle est toujours prêt à se transformer en fête improvisée. Vous entrez pour boire un verre au calme – une margarita, par exemple – et tout d’un coup, vous vous retrouvez au milieu d’une sarabande spontanée en pleine rue. C’est le genre d’endroit où vous arrivez pour passer une soirée tranquille et où vous ne savez jamais comment elle va finir.

Le Silencio n’est pas seulement une boîte de nuit – c’est une expérience. Et il a été imaginé par l’un de mes héros, David Lynch. Franchir ses portes donne l’impression de pénétrer dans un univers parallèle, où rien n’est tout à fait dans les clous. Il y a deux adresses, et on s’amuse autant à l’une qu’à l’autre.

AS : Je ne sors pas beaucoup le soir, mais je fais une exception pour ParkingStone, les fêtes débridées organisées par mon amie Simone Thiébaut. Elle rassemble des musicien·ne·s confidentiel·le·s et des artistes du monde entier, et tout peut arriver au cours de ces soirées !

Vos adresses secrètes à Paris ?

SS : Liquides imaginaires est plus qu’une boutique de parfums, c’est un endroit où l’on se réinvente. Vous y entrez en ayant une image de vous-même et en sortez avec une senteur qui réécrit votre histoire personnelle. C’est l’endroit idéal où aller après une rupture ou un grand changement de vie.

Un autre lieu que j’aime particulièrement, c’est la galerie sans titre, juste à côté du Centre Pompidou. On peut être sûr·e de tomber sur une bonne exposition. L’énergie de la ville semble vibrer sous la surface des œuvres.

Enfin, il y a l’église Saint-Germain-des-Prés. J’y suis allée une fois avec ma mère, et le lieu m’a fait une très forte impression. Il transpire l’histoire et des siècles de prières murmurées enfermées dans la pierre. Et pour peu que vous aimiez le bleu, c’est un vrai petit paradis secret.

AS : Mon adresse secrète est un classique : le musée de Cluny. Il est consacré à l’art médiéval, qui me fascine. Je peux y rester des heures, en en apprenant toujours plus sur cette période à laquelle je me sens profondément liée. Je suis convaincue que le terme « âge des ténèbres » est totalement infondé – je me sens très inspirée par l’esthétique et les théories médiévales, et Hildegarde de Bingen est l’une de mes héroïnes.

La galerie qui me représente, The Pill, inaugure un nouvel espace place de Valois. Le Palais-Royal fera sans doute bientôt partie de mes lieux préférés. Il y a une foule d’incroyables secrets à découvrir au cœur de Paris…

Crédits et légendes

Sequoia Scavullo est représentée par sans titre, Paris.

Apolonia Sokol est représentée par The Pill (Istanbul, Paris). Elle présentera l’exposition personnelle « I Shall Love Again When I Am Obsolete » à la galerie The Pill à Paris du 15 octobre au 21 décembre 2024.

Légende de l’image d’en-tête : Jardins de l’Hôtel Particulier Montmartre © Hôtel Particulier Montmartre.

Publié le 9 octobre 2024.