« Reverse Alchemy: Dubuffet, Basquiat, Nava »
Pace Gallery, Berlin
Du 2 mai au 14 juin 2025

Dans une ancienne station-service du quartier de Schöneberg, Pace inaugure son nouvel espace, baptisé « Die Tankstelle » et partagé avec la Galerie Judin, juste à temps pour le Gallery Weekend Berlin. L’exposition inaugurale, « Reverse Alchemy », offre un dialogue à travers le temps au moyen d’œuvres sur papier de trois artistes iconoclastes : Jean Dubuffet, Jean-Michel Basquiat et Robert Nava. L’exposition explore la manière dont la philosophie révolutionnaire de l’art brut de Dubuffet a résonné à travers les générations. Les œuvres de fin de carrière de Dubuffet apparaissent aux côtés des dessins que Basquiat a réalisés durant la même période (fin des années 1970-1980), les pièces contemporaines de Nava prolongent jusqu’à nos jours cette lignée de disruption artistique. Tous trois rejettent les formalités du « grand art », créant plutôt des œuvres motivées par l’impulsion, le ludisme et les pouvoirs du psychisme profond. A.R.

Hudinilson Jr.
« Exercícios de me ver »
KOW, Berlin
Du 2 mai au 26 juillet 2025

Les photocopies sont rarement associées à la sensualité. Mais en regardant les œuvres d’Hudinilson Jr. (1957-2013), vous pourriez être convaincu∙e du contraire. L’artiste brésilien utilisait une imprimante Xerox comme outil principal, capturant des fragments de corps masculins, des photographies et des pages de magazines qu’il assemblait ensuite en grilles vibrant d’un érotisme cérébral. Ce faisant, Hudinilson Jr. a cartographié une topographie poignante du désir queer qui semble à la fois confrontante et feutrée – peut-être un reflet du début des années 1980 turbulentes, une période marquée par l’épidémie de SIDA et la transition au Brésil de la dictature vers la démocratie, durant laquelle l’artiste était particulièrement productif. L’exposition à KOW présente également le travail d’Hudinilson Jr. au-delà de ses grilles Xerox, en incluant des sculptures, des photographies et des readymades, qui aident à contextualiser sa pratique singulière. K.C.

Yoko Ono
« Music of the Mind »
Gropius Bau, Berlin
Jusqu’au 31 août 2025

Irrévérencieuses, provocantes, visionnaires et souvent légères : les œuvres de Yoko Ono ont touché des cordes sensibles mais ont aussi profondément inspiré les spectateur·rice·s pendant des décennies. La version du Gropius Bau d’une exposition itinérante qui a commencé sa tournée l’année dernière à la Tate Modern de Londres comprend plus de 200 œuvres de la nonagénaire, dans tous les médiums, allant de partitions musicales et du film espiègle Film No. 4 (BOTTOMS) (1966–1967) à un Wish Tree for Berlin (1996–2025) dans l’atrium du Gropius Bau, accessible gratuitement au public. Faites un vœu, et souvenez-vous : peace is power. K.B.

Lalitha Lajmi
Galerie anne barrault, Paris
Du 29 avril au 14 juin 2025

Un visage semble omniprésent dans les peintures de Lalitha Lajmi : ses traits sont à la fois marqués et doux, légèrement inquiets et sereins. Cette femme aux cheveux tressés et au sari texturé est la peintre elle-même. À la fin des années 1940, dans une Inde nouvellement indépendante qui devait réaffirmer sa propre identité à travers ses artistes, le Progressive Artists’ Group, un collectif de jeunes stars, laissait son empreinte sur les murs et les institutions de Mumbai. Alors qu’ils représentaient des nus stylisés ou des femmes engagées dans les tâches domestiques, Lalitha Lajmi se tournait vers l’intérieur, se peignant elle-même, animée par son monde intérieur infini.

Lalitha Lajmi était passionnée par les rêves et la psychanalyse, et ces intérêts ont imprégné son art, faisant d’elle une digne héritière des Surréalistes. Avec des couleurs douces et des éléments oniriques – oiseaux, ombrelles, vélos, miroirs et corps s’estompant lentement – Lalitha Lajmi a trouvé la liberté sur sa toile, dans un lieu et une époque où l’intériorité et la solitude de la féminité restent un secret qui leur est strictement réservé. J.A.

Wes Anderson
La Cinémathèque française, Paris
Jusqu’au 27 juillet 2025

La Cinémathèque présente une rétrospective dédiée à l’univers fantasque du réalisateur Wes Anderson. Ce trésor s’étend de ses débuts autodidactes à ses œuvres les plus acclamées et récentes, révélant la dimension tactile derrière ses illusions cinématographiques. Les visiteur·euse·s peuvent s’émerveiller devant la miniature minutieusement peinte à la main du train de À bord du Darjeeling Limited et se tenir devant le faux tableau Renaissance qui a déclenché une chasse intercontinentale dans The Grand Budapest Hotel. Ne se contentant pas d’exposer des accessoires, l’exposition éclaire le processus créatif d’Anderson à travers des croquis originaux et des plans de production. La signature douce-amère du cinéaste américain a indéniablement enrichi le cinéma contemporain, et l’on entrevoit ici la précision architecturale de son imaginaire poétique. P.S.

Kenjiro Okazaki
« 而今而後 Time Unfolding Here »
Museum of Contemporary Art Tokyo
Du 29 avril au 21 juillet 2025

« Time Unfolding Here », la première grande rétrospective de Kenjiro Okazaki à Tokyo, célèbre la diversité de sa pratique, qui s’étend sur plusieurs genres, dont la peinture, la sculpture, la performance, le paysagisme, l’architecture et la robotique. Au cœur de son travail se trouve sa conception du zōkei (l’acte de façonner ou de créer des formes) comme une force qui reconnecte notre perception au monde, explorant les institutions sociales telles que nous les connaissons, à l’aune des changements scientifiques et technologiques que nous vivons aujourd’hui. L’exposition offre une présentation complète d’œuvres antérieures de sa longue carrière, notamment sa série de sculptures « Akasakamitsuke » des années 1980, ainsi qu’une centaine d’œuvres récentes ou inédites de l’artiste, après un tournant majeur dans son cadre spatio-temporel en 2021, marqué par les changements de la société et sa propre expérience. P.L.