Qu’est-ce que tout le monde devrait avoir dans son sac lors d’une visite de foire ?
Aileen Agopian : Un iPhone, un chargeur supplémentaire et des bonbons à la menthe.
Sabrina Buell : Je prends un petit sac à bandoulière. Ce sont les Jeux olympiques de l’art, vous souhaiterez éviter de porter du poids inutile toute la journée. J’y mets mon téléphone, que j’utilise pour prendre des photos des œuvres que j’acquiers pour mes client∙e∙s. J’ai toujours un plan de la foire sur lequel j’entoure les galeries et les œuvres qui m’intéressent.
Que recommanderiez-vous à ceux∙elles qui visitent Art Basel Paris pour la première fois ?
AA : La véritable valeur ajoutée d’une visite à une foire d’art réside dans la possibilité de cultiver des relations avec les galeristes. Une foire comme Art Basel Paris offre la possibilité d’entrer en contact avec une multitude de galeries du monde entier sous un même toit. Si l’objectif premier est de constituer votre collection d’œuvres et d’éduquer votre œil, il est tout aussi important d’avoir des conversations qui vont au-delà des pièces exposées à la foire. Ces relations et ces discussions donnent souvent des indications précieuses sur les projets futurs des artistes, les expositions à venir dans les musées et les nouveaux talents que les galeristes peuvent vous présenter. Si vous envisagez de travailler avec un art advisor pour commencer votre voyage de collectionneur∙euse, je vous recommande d’explorer l’Association of Professional Art Advisors (APAA) : c’est une ressource fantastique pour découvrir des art advisors expert∙e∙s dans le monde entier.
SB : Prévoyez quatre jours complets, surtout à Paris, qui est probablement la ville qui a le plus à offrir sur le plan culturel. Une ou deux journées pour la foire, avec un vrai déjeuner pour faire une coupure ; une journée pour visiter les galeries, qui sont réparties dans toute la ville, et une ou deux journées pour les musées. Idéalement, vous pouvez visiter les galeries et les musées les jours qui précèdent la foire, de sorte que lorsque vous arrivez à Art Basel le mercredi, vous avez fait le plein d’œuvres et vos yeux sont entraînés à chercher celles qui vous parlent le plus.
Quel∙le∙s sont les artistes et galeries que vous êtes la plus impatiente de découvrir lors de l’édition 2024 ?
AA : J’ai hâte de découvrir la beauté majestueuse du Grand Palais et d’explorer les trois secteurs de la foire. D’après le programme des Conversations, qui accueille des galeristes et des collectionneur∙euse∙s respecté∙e∙s, il est évident qu’Art Basel Paris est devenue une attraction majeure pour les collectionneur∙euse∙s internationaux∙ales, les institutions et les connaisseur∙euse∙s d’art. En réponse, les galeries proposeront des œuvres de haut vol d’artistes réputé∙e∙s et émergent∙e∙s. La discrétion étant de rigueur pour mes client∙e∙s, je m’abstiendrai poliment de divulguer des noms d’artistes, mais il y en a beaucoup !
SB : Air de Paris est l’une de mes galeries françaises préférées, et je suis impatiente de voir ce qu’elle présente. Dans le secteur Emergence, j’irai directement à Madragoa, la jeune galerie la plus cool de Lisbonne, où je vis par intermittence. Dans le secteur principal, j’espère entrer en contact avec LambdaLambdaLambda, une galerie du Kosovo que je ne connais pas encore, mais dont j’ai entendu dire qu’elle était géniale. J’ai toujours hâte de découvrir de jeunes artistes à Commonwealth and Council, et des œuvres d’artistes sud-américain∙e∙s à Fortes D’Aloia & Gabriel.
Quels sont les galeries et les musées que vous avez le plus hâte de voir en ville ?
AA : J’adore me promener dans le Marais pour voir des expositions incroyables dans mes galeries préférées, et je suis particulièrement impatiente de découvrir le travail de Nohemí Pérez dans le nouvel espace de Mor Charpentier. J’ai également hâte de découvrir le travail de Barbara Chase-Riboud dans les plus grands musées de Paris : le Louvre, le musée d’Orsay, le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo et bien d’autres institutions qui célèbrent son travail en dialogue avec leurs propres collections. À Pompidou, je ne manquerai pas d’aller voir l'exposition « Surréalisme », qui célèbre le 100e anniversaire du Manifeste du surréalisme d’André Breton. Je m’attarderai sur le travail extraordinaire de nombreuses femmes surréalistes comme Leonora Carrington, Dorothea Tanning et Remedios Varo.
SB : Paris a tant à offrir en dehors de la foire ! J’ai hâte de voir l’exposition d’Olga de Amaral à la Fondation Cartier et les enceintes en pierre de Julian Charrière au Palais de Tokyo. Une galeriste de San Francisco que j’adore, Micki Meng, ouvre son nouvel espace à Paris. Je ne manque jamais une visite à Chantal Crousel, quelle que soit l’exposition, et il est fantastique que des galeries comme White Cube, Modern Art et Mendes Wood DM ouvrent de beaux espaces à Paris.
Quels sont les facteurs les plus importants lorsque vous sélectionnez des œuvres d’art pour un∙e client∙e ? Y a-t-il des différences entre les client∙e∙s américain∙e∙s et les client∙e∙s européen∙ne∙s ?
AA : Mon rôle est de comprendre les préférences uniques de chaque client∙e – les artistes qui résonnent en lui∙elle –, et de l’aider à affiner et à élargir ses centres d’intérêt. Mais il est tout aussi important d’encourager la découverte et, à l’occasion, de remettre en question les perceptions en présentant des artistes ou des œuvres qu’il∙elle∙s n’auraient pas envisagé∙e∙s auparavant. Qu’il s’agisse d’acquérir des œuvres sur le marché primaire ou secondaire, ou que l’artiste soit établi∙e, en milieu de carrière ou émergent∙e, il est essentiel de bien comprendre son marché. En fin de compte, l’objectif est de s’assurer que chaque acquisition s’inscrit de manière significative dans l’œuvre plus large de l’artiste tout en s’alignant sur la dynamique du marché.
SB : Lorsque vous participez à une foire, vous êtes confronté∙e à de nombreuses considérations. Il peut s’agir d’un∙e grand∙e artiste, mais pas de sa meilleure œuvre. Il peut s’agir d’une grande œuvre, mais au mauvais prix. Il peut s’agir d’une œuvre au bon prix, mais dont l’état n’est pas idéal, et ainsi de suite. Nous essayons de résoudre tous ces problèmes avant la foire afin que nos client∙e∙s aient toutes les réponses pour faire un choix éclairé. La question qui reste en tête de liste est la suivante : « Est-ce que cela vous parle ? L’aimez-vous ? » Nous n’avons pas constaté de différence entre les client∙e∙s américain∙e∙s et les client∙e∙s européen∙ne∙s, si ce n’est que ces dernier∙ère∙s sont plus souvent interpellé∙e∙s dans les couloirs pour saluer poliment leurs ami∙e∙s.
Que conseillez-vous pour découvrir au mieux la foire et le programme public ?
AA : En tant qu’art advisor, je reçois la majorité des offres des galeries plusieurs semaines avant la foire. Si la planification préalable est cruciale pour atteindre mon objectif, qui est d’obtenir les œuvres les plus intéressantes pour mes client∙e∙s, il est essentiel, pendant la foire, de laisser une place à l’inconnu. L’immédiateté et l’impact viscéral de la découverte en direct d’un∙e nouvel∙le artiste ou d’une œuvre qui vous captive ont une valeur inestimable. Certaines de mes trouvailles les plus mémorables sont souvent le fruit d’une rupture avec mon algorithme habituel. D’un point de vue pratique, n’oubliez pas de télécharger l’application Art Basel, qui contient de nombreuses informations sur la foire et la programmation. De plus, une application comme Seesaw permet de se tenir au courant de toutes les expositions qui se déroulent en région parisienne.
SB : Commencez par visiter les petites galeries et les étages de la foire. Pendant les premières heures, ces zones peuvent être plus calmes et vous pouvez avoir des conversations plus essentielles avec les galeristes. Certains stands peuvent sembler étranges et déroutants, mais n’oubliez pas que ces jeunes galeries ont été soigneusement étudiées par le comité de sélection de Bâle et qu’elles représentent ce qui se fait de mieux dans le monde. Leur présence à une foire Art Basel est un événement considérable, et elles donnent le meilleur d’elles-mêmes ; c’est pourquoi il peut être très gratifiant de creuser un peu plus loin. Après le déjeuner, allez voir les plus grandes galeries du centre. À ce moment-là, elles se sont débarrassées de leurs réserves et de leurs affaires du matin, et sont généralement un peu plus disponibles pour discuter. N’oubliez pas non plus que le site internet d’Art Basel est une ressource précieuse ! Le temps passé à le consulter avant la foire vous en apprendra beaucoup sur les expositions de musées à ne pas manquer en ville et sur les grandes figures qui dialogueront pendant la manifestation.
Pourriez-vous partager un secret de votre profession ?
AA : Mon secret est simple : je choisis de travailler avec des client∙e∙s que je respecte et que j’estime tant sur le plan professionnel que personnel – des personnes qui partagent une passion et une motivation profondes pour l’art et la connaissance, un engagement à constituer des collections de valeur durable et une préférence pour la discrétion. J’ai la chance de collaborer avec un groupe extraordinaire de client∙e∙s différent∙e∙s qui m’inspirent, me mettent face à des défis et me font confiance, et nous avons beaucoup de plaisir à le faire, ce qui est essentiel !
SB : Chez Zlot Buell + Associates, notre super pouvoir secret est que nous sommes connu∙e∙s pour notre honnêteté et notre intégrité dans tous les domaines. Je suppose que le secret « pas si secret » est que ce n’est pas toujours le cas dans le monde de l’art. Un bon moyen de trouver des conseiller∙ère∙s de confiance est de rechercher des membres de l’APAA.
Après la foire, où vous arrêtez-vous pour boire un verre ou dîner avec vos client∙e∙s ?
AA : Le dîner est souvent décidé par des invitations de galeries, ce qui est toujours un plaisir. Nous aimons prendre des cocktails au CRAVAN et faire un dîner complet au restaurant gastronomique japonais OGATA.
SB : Au Voltaire, quai Voltaire, ou au Loulou, rue de Rivoli.
Quelle est votre perle rare à Paris ?
AA : Je suis une bibliophile dans l’âme et j’adore passer du temps dans la salle ovale du bâtiment Richelieu de la Bibliothèque nationale de France. Elle a été magnifiquement rénovée après avoir été en travaux pendant plusieurs années, et est maintenant ouverte au public. C’est un endroit magique où l’on peut laisser son esprit vagabonder.
SB : Je suis obsédée par le café et j’adore aller chez Dreamin Man, rue Amelot.