Lynn Chadwick, Hypercycle

Sous le commissariat de Matthieu Poirier, présenté par Perrotin et le Centre des monuments nationaux

Né en 1914 à Londres, décédé en 2003 à Stroud

Dimensions variables

Bronze

Cette exposition sur deux sites (Perrotin Marais et Centre des monuments nationaux - Hôtel de Sully) présente les débuts de Lynn Chadwick et amorce un vaste parcours proposé par Matthieu Poirier (en 2025, New York accueillera ses œuvres de maturité et l’Asie, en 2026, ses œuvres tardives). Parmi les 60 œuvres de 1947 à 1962 réunies ici figurent notamment ses premiers mobiles, ses figures anguleuses et ses créatures énigmatiques. Fruits de l’hybridation entre l’architecture moderniste et le naturalisme de Charles Darwin, ces sculptures étranges se verront rapidement distinguées, notamment par le Prix international de sculpture de la Biennale de Venise en 1956, et prendront place dans près de 150 collections publiques. Il s’agit ici de sa première exposition institutionnelle en France depuis celle du Musée national d’Art moderne à Paris, en 1957.

Ouvert jusqu’au 16 novembre de 9h à 19h, accès public gratuit

Audioguide

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Notice rédigée par les élèves de l'École du Louvre

Lynn Chadwick (1914-2003) est un sculpteur britannique emblématique de l'après-guerre. Initialement formé comme dessinateur en architecture, son art se caractérise par un langage sculptural géométrique, une expressivité sur le métal et une imagination formelle féconde. 

Matthieu Poirier propose une rétrospective inédite de sa carrière artistique dans l’exposition “Hypercycle”, dont le premier chapitre “Scalène” est consacré à ses oeuvres de 1947 à 1962, période couronnée par le Grand Prix de Sculpture à la Biennale de Venise en 1956. 

Entre légèreté et pesanteur, huit sculptures en bronze occupent le parc de l’Hôtel de Sully sur de fins appuis à l’apparence fragile, leur conférant une présence aérienne. Leurs formes sont tantôt humanoïdes (Two Dancing Figures, 1956 ; Sitting Figure, 1962), tantôt bestiales (Beast XVI, 1959), tantôt astéroïdales (Moon of Alabama, 1957 ; Encounter VIII, 1957), témoignant de la constitution d’un panel de motifs qui égrèneront sa carrière. 

À ses débuts, l’artiste les explore à partir d’un même noyau génétique : le scalène, un triangle aux côtés inégaux, symbole de l’humain selon le philosophe Xénocrate. Dans certaines oeuvres, c’est une matrice omniprésente à l’instar de Beast XVI, dans d’autres une empreinte plus diffuse comme Trigon, 1961. 

Cette géométrie acérée marquée par des arêtes dures, confère aux sculptures un aspect ni abstrait ni figuratif. Chadwick concentre sa recherche sur l’attitude des figures, l’énergie qui se dégage de leurs positions. Cette réflexion sur l’expressivité est particulièrement visible dans son approche du processus de rencontre entre les deux êtres qui composent un couple, comme pour Encounter VIII, parfois à la limite du charnel, avec Two Dancing Figures jusqu’à leur fusion totale de Conjunction IX, 1960. 

Dans cette approche, l’idée véhiculée importe davantage que son support, ce qui amène l’artiste à développer une technique de création originale. La construction d’une armature rigide et équilibrée formée de tiges de fer soudées forme le “dessin en tiges d’acier” qu’imagine Chadwick, qu’il remplit d'un composite de limaille de fer et de plâtre appelé Stolit. Il travaille ensuite les surfaces extérieures avec des outils dentelés pour créer des textures singulières. Son objectif est de projeter son inconscient et d’équilibrer des formes a priori opposées en rendant compte des dynamiques qui les lient. 

L’exposition a ainsi permis de (re)découvrir les prémices de la carrière artistique de Lynn Chadwick. Elle sera complétée d’un second volet à New York l’an prochain consacré aux oeuvres de la période 1963-1979 et se terminera en Asie en 2026 avec ses oeuvres tardives de 1980 à 1996. 

Mathilde COTTEREAU, Natalya LABARTHE

 

Matthieu Poirier

À propos du commissaire

Matthieu Poirier, Dr. Pr. (1976) est historien de l’art. Spécialiste de l’art abstrait, il est titulaire d’un doctorat de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), où il est qualifié maître de conférences.

Il a enseigné à l’université de Paris-Sorbonne et a été professeur d’histoire de l’art moderne à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris-Cergy et à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.

Auteur et rédacteur en chef de nombreuses publications, il a organisé de nombreuses expositions, telles que « Lucia Koch », « Suspension. Une histoire de la sculpture abstraite suspendue. 1918-2018 », « Artur Lescher », « Carlos Cruz-Diez » (Palais d'Iéna), « Dynamo. Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art. 1913-2013 » (Galeries Nationales du Grand Palais), « Hans Hartung » (Perrotin New-York), « Soto. Rétrospective" (Musée Soulages), « Spectres » (Roesler Hotel, São Paulo), et « Sous le motif » (Collection d'Art Société Générale, Paris-La Défense).

Il a été conseiller scientifique pour des expositions au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Museo Reina Sofia, au Louisiana Museum, à la Tate Modern, au Palais de Tokyo et au Palazzo del Monte di Pièta à Padoue. Il est membre de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) et de l’Association internationale des conservateurs d’art contemporain (IKT).

Portrait par Marion Berrin pour Art Basel.