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<p>Dans cette nouvelle série dédiée aux lieux d'exception, découvrez pourquoi cette maison d'architecte du Sud de la France inspire les artistes depuis 1923</p>
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Soizic Pineau

La Villa Noailles : 100 ans de liberté

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<p>Le soleil tape sur les murs blancs et ciselés de la façade de la Villa Noailles. Tel un paquebot géométrique et angulaire, celle qu’on appelle aussi le Clos Saint-Bernard se détache de la colline varoise, offrant une vue imprenable sur la baie d’Hyères. En 2023, elle célèbre aussi son premier centenaire. </p>
<p>Charles de Noailles a du flair quand, en 1923, il commande au jeune Robert Mallet-Stevens – architecte méconnu qui signait surtout des décors de cinéma – une petite maison « facile à habiter ». La Villa Noailles deviendra sa résidence secondaire, et surtout celle de son épouse Marie-Laure Bischoffsheim, fille de collectionneur∙euse∙s à la tête d’une des plus grandes fortunes du pays.</p>
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<p>Sur les vestiges du couvent Saint-Bernard se dessinent alors les plans de ce qui deviendra l’un des plus hauts lieux du mécénat du 20<sup>e</sup> siècle. La maison verra défiler nombre d'artistes qui ont marqué leur temps, comme les écrivains Jean Cocteau et Louis Aragon, le sculpteur <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/6737/Alberto-Giacometti" target="_blank">Giacometti</a>, André Breton ou encore <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7171/Man-Ray" target="_blank">Man Ray</a>. Elle est tournée vers le soleil et emprunte au modernisme sa fonctionnalité, son amour du sport, de l’hygiène et de la technologie, tout en assumant une certaine hybridation provençale, avec par exemple un carrelage ou un crépi très local. </p>
<p>« Avec cette commande, Charles apprend à être un mécène, et Robert Mallet-Stevens apprend à être un artiste » explique Magalie Guérin, directrice adjointe des lieux. Un coup d’envoi pour le couple Noailles qui, tout au long de sa vie, accompagnera de jeunes artistes, en osant prendre des risques, comme avec la production du film <em>L’âge d’or </em>de Buñuel – &nbsp;censuré à sa sortie et jusque dans les années 1980, reconnu aujourd’hui comme l’un des chefs-d'œuvre du cinéaste.</p>


<p>Pour Eléa Le Gangneux, commissaire et historienne spécialiste de l’histoire des Noailles, « le 20<sup>e</sup> siècle n’a pas connu d’endroit comparable, où les artistes ont pu évoluer avec autant d’indépendance. Une liberté qu’on retrouve aujourd’hui à la Villa Noailles, ce lieu est un laboratoire de recherche depuis un siècle. » </p>
<p>En 1973, Charles de Noailles vend les murs à la mairie hyéroise, trois ans après le décès de son épouse. La villa reste d’abord fermée au public, puis des travaux de rénovation s’amorcent à la fin des années 1980. En 2003, un centre d’art ouvre ses portes : l’espace est remodelé pour recevoir du public et mettre en avant l’histoire du lieu. La piscine, dont le bassin est désormais recouvert d’un plancher de verre, accueille des expositions, et ce qui fut autrefois la salle de squash abrite des ateliers pour les écoles de la région.</p>

<p>« Je trouve cet endroit aussi merveilleux que le premier jour où je suis arrivé, il y a 35 ans » confie Jean-Pierre Blanc, le directeur des lieux. Sous son impulsion, se créent au fil des années le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires – qui fêtera ses 40 ans en 2025 – ainsi que la Design Parade à Hyères et Toulon, qui mettent respectivement à l’honneur le design d’objet et l’architecture d'intérieur. Ces événements ont accompagné de nombreux talents contemporains, comme Anthony Vaccarello ou Viktor & Rolf. Et si le vaisseau amiral demeure le Clos Saint-Bernard, les équipes pilotent aujourd’hui cinq lieux, répartis entre Hyères et la ville voisine de Toulon.</p>
<p>« Le lieu est inspirant, on y est hors du temps, niché en haut de la colline. Une émulation se crée aussi entre les nombreux∙ses artistes qui passent par-là », explique Emma Bruschi, artiste invitée de l’année dont la pratique mêle agriculture, artisanat et textile. La Villa Noailles grandit avec les artistes qu’elle accompagne. « Une fois qu’il y a un feeling humain, une amitié qui se construit, la collaboration continue » raconte le peintre Florent Groc, artiste invité en 2020, qui intervient pour le centenaire dans un groupe-show autour de la réactualisation d’objets issus du mobilier de la maison. </p>

<p>D’autres, à l’image du designer Ronan Bouroullec, collaborent avec le lieu depuis plus de 20 ans. « Les architectes et artistes se saisissent continuellement de l'intérieur du bâtiment. Par moment, on pourrait ne plus reconnaître certaines pièces » confie Magalie Guérin. Avec ses alcôves de plâtre et ses appliques en forme de feuilles d’agave, la boutique du lieu signée par l’architecte d'intérieur François Champsaur a connu d’autres formes. Par le passé, c’est par exemple Vincent Darré ou Pierre Yovanovitch qui ont proposé leur vision de cet espace.</p>
<p>Car si elle est imposante et rectiligne, la Villa Noailles – dont les murs sont désormais classés monument historique – n’est certainement pas figée. Tant dans son architecture, avec sa façade qui s’anime au cours de la journée au gré des jeux d’ombres et de lumières, que dans la façon dont les équipes travaillent, venant puiser dans l'histoire du lieu et l’actualisant sans cesse. « C’est un héritage dont on se sent légitime », conclut Magalie Guérin.</p>

<p>Soizic Pineau est une journaliste indépendante basée à Marseille.<br></p>

<p>Toutes les photos et vidéos par Baptiste de Ville d’Avray pour Paris+ par Art Basel.</p>
<p>Publié le 17 mai 2023.</p>

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Destinations

Villa Noailles

Jean-Pierre Blanc

P910

Hyères

Crédits

H2 - Headline title

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In this new series dedicated to exceptional venues, find out why the spectacular mansion in the South of France has been inspiring artists since 1923

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