<p>« Chacun∙e peut y entrevoir son propre rapport à l’invisible », écrit Rokhaya Diallo</p>

L’au-delà intime de l'artiste Korakrit Arunanondchai

<p>Née d’une collaboration entre l’artiste thaïlandais&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/16053/Korakrit-Arunanondchai">Korakrit Arunanondchai</a> et le réalisateur américain Alex Gvojic, <em style="background-color: initial;">Songs for living </em>(2021) s’inscrit dans un triptyque qui interroge et met en scène cette question essentielle qu’est la mortalité. Présentée jusqu’au 15 mai 2023 à Lafayette Anticipations dans le cadre de l’exposition « Au-delà », l’œuvre est composée d’un entremêlement de vidéo, peinture et objets. Cet assemblage hétérogène fait écho aux temporalités de la vie et de sa fin qui s’entrecroisent au cours de destinées individuelles disparates.</p>

<p>Les trois actes, écrits avec l’artiste californienne Diane Severin Nguyen, s’articulent autour de l’énonciation des étapes fondamentales de la vie : la naissance, la « décréation » (d’après Simone Weil, l’étape qui suit la création par Dieu)&nbsp;et la mort. Mais, loin d’en proposer une représentation scolaire, l’artiste choisit de brouiller les frontières de ces espaces et de les politiser.</p><p>Korakrit Arunanondchai ancre <em>Songs for living</em> dans une expérience personnelle douloureuse : le décès de son grand père. Il fait de ce vécu intime le support d’une réflexion collective et transfigure ainsi la banalité du deuil en une lumière qui éblouit et hypnotise. Les questions existentielles, qui ont toujours été au cœur des productions de Korakrit Arunanondchai, trouvent ici un écho personnel inédit dans son œuvre.</p>

<p>En exposant son deuil, l’artiste nous offre l’opportunité de réfléchir au sens de la vie en dehors des normes occidentales. Dans un monde encore dominé par des civilisations qui ont instauré la supériorité de l’humain sur le reste du vivant et dont l’élite tente désespérément de repousser les frontières de la mort, il rappelle que les expressions du vivant sont diverses et parfois contradictoires –  et surtout qu’il est vain de tenter de les maitriser. </p><p><em>Songs for living</em> est un voyage dans un monde multidimensionnel, où les expériences corporelles et mystiques singulières – l’enfance, la vieillesse, les invocations, les esprits – s’additionnent et s’amoncèlent. Le feu, présent à plusieurs reprises, donne au film un caractère vibrant, comme pour rappeler l’intensité de notre existence mais aussi son aspect éphémère. Les corps se présentent dans plusieurs états : dans un élan de vie presque végétale ou en décomposition post-mortem. Et l’œuvre ne craint pas de recourir à des détours poétiques dans lesquels chacun∙e peut entrevoir son propre rapport à l’invisible.</p>

<p>Le travail de Korakrit Arunanondchai est fortement influencé par des intellectuel∙le∙s engagé∙e∙s dans une réflexion profonde sur l’humanité. Parmi eux la philosophe française Simone Weil connue notamment pour avoir déclaré : « Il n’y a que deux instants de nudité et de pureté parfaites dans la vie humaine : la naissance et la mort. » Dans la vidéo, les danseurs de Taï Chi incarnent à la fois une tradition spirituelle et un ancrage millénaire qui se transmet à travers des gestes aussi précis qu’inchangés. Ils font écho à la démarche de Korakrit Arunanondchai qui situe l’humain dans une profondeur à la fois terrienne et spirituelle. Cette dimension n’est pas étrangère à Weil, elle-même profondément croyante et attachée au religieux.</p><p>Un autre Français,&nbsp;Édouard Glissant figure aussi parmi les intellectuel∙le∙s qui nourrissent l’art de Korakrit Arunanondchai. Le philosophe et poète est notamment à l’origine du concept de « tout-monde » qu’il définit comme « la coprésence nouvelle des êtres et des choses, l’état de mondialité dans lequel règne la Relation ». Glissant propose le dépassement des frontières identitaires, et la reconnaissance d’un état relatif aux relations créées par des mouvements mondiaux. Cette interdépendance des corps, de la pensée et de nos imaginaires est représentée par les différents états des êtres qui apparaissent successivement dans <em style="background-color: initial;">Songs for Living. </em>Iels incarnent un « tout-monde » où coexistent les populations d’ici et – chez Korakrit Arunanondchai – d’un au-delà où ne sont pas omises les rigidités terriennes relatives à la dictature militaire familière à l’artiste, né à Bangkok. Aussi la référence implicite à des figures intellectuelles qui ont résisté à l’oppression dans leurs actes et dans leurs écrits, n’est pas anodine. Beaucoup d’émotion anime cette interrogation métaphysique sur le processus de la vie.</p>

<p>Korakrit Arunanondchai est représenté par&nbsp;<a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/gallery/13555/Bangkok-CityCity-Gallery">Bangkok CityCity Gallery</a> (Bangkok), <a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/gallery/2005/Carlos-Ishikawa">Carlos/Ishikawa</a> (Londres), <a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/gallery/2249/Clearing">Clearing</a> (New York, Los Angeles, Bruxelles) and <a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/gallery/12716/Kukje-Gallery">Kukje Gallery</a> (Séoul).</p>
<p>« Au-delà »<br>Lafayette Anticipations, Paris<br>Jusqu’au&nbsp;16 mai 2023</p>
<p>Rokhaya Diallo est une journaliste, auteure et réalisatrice primée basée à Paris.</p>
<p>Publié le 6 avril&nbsp;2023.</p>
<p>Légende des images en pleine page :&nbsp;Korakrit Arunanondchai et Alex Gvoijic, <em>Songs for living</em>, 2021 (vidéo single-channel HD, couleur, son, 20’53’’). Co-commissionné par Migros Museum für Gegenwartskunst, Zurich et Kunstverein in Hamburg avec le soutien de FACT, Liverpool. © Korakrit Arunanondchai, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste, Bangkok CityCity Gallery, Carlos/Ishikawa, Clearing, et Kukje Gallery.</p>
<p>Découvrez la vidéo <em>Meet the Artists</em> avec&nbsp;Korakrit Arunanondchai&nbsp;ci-dessous.</p>

false

title_style_2

<section> <section><main><div><div><section></section><section> <section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p> <section></section></p><section><div><div><section><main><div><div><p>« L’histoire du pays est constellée de sang »</p></div> </div><section></section></main></section></div></div></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section>

Stories

Le regard de Rokhaya Diallo : United States of Attica par Faith Ringgold

<section> <section><main><div><div><section></section><section> <section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p>À l’occasion de son 40<sup>e</sup> anniversaire, le Frac MÉCA rend hommage à l’artiste, travesti et radical</p></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section>

Pierre Molinier : « Un homme sans moralité »

<section> <section><main><div><div><section></section><section> <section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p>De Paris à New York, l’équipe de rédaction d’Art Basel partage ses recommandations</p></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section>

Le choix de la rédaction : sept expositions à voir ce printemps

« Chacun∙e peut y entrevoir son propre rapport à l’invisible », écrit Rokhaya Diallo

Artists

BNM - Banner Module

PARAG1

songs for living

PARAG2+3

PARAG4+5

songs and korakrit

PARAG6+7

CREDIT

VIDEOM - Video Module

H2 - Headline title

Information module

‘Each viewer can glimpse within it their own relationship to the invisible,’ writes Rokhaya Diallo

Welcome,

Recommandé :