<div>Musées en vogue, artistes connu∙e∙s, et mécènes innovateur∙rice∙s: la région est dotée d'un écosystème artistique d'une richesse surprenante</div>

Meriem Souissi

Au-delà des vignes, l'art contemporain s'épanouit en Bourgogne

<p>Terre de patrimoine et de vignobles, mais également terre industrieuse, la Bourgogne cultive avec l’art un lien historique, nourri dès le Moyen Âge de commandes prestigieuses. Au 15<sup style="background-color: initial;">e</sup> siècle, les ducs de Bourgogne (plus puissants à l’époque que les rois de France) commandèrent aux artistes les plus célèbres de leur époque – Rogier van der Weyden, Jan van Eyck ou encore Jean Hey – des chefs-d’œuvre exposés aujourd’hui dans les plus grands musées. Ce lien, caractérisé par une ambition certaine et un mécénat très actif, prospère encore de nos jours, avec une multitude d’institutions culturelles et d’initiatives mettant en lumière l’art contemporain.</p>

<p>Depuis 1984, la région dispose d’un Fonds régional d’art contemporain (Frac), doté d’une vaste collection de plus de 800 œuvres pouvant être présentées aux Bains du Nord, son espace d’exposition permanent situé à Dijon.  Mais c’est surtout le centre d’art contemporain dijonnais Le Consortium qui rayonne bien au-delà des frontières régionales, voire nationales.&nbsp;<a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/artist/8347/Laure-Prouvost">Laure Prouvost</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/10672/Olivier-Mosset">Olivier Mosset</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7806/Bertrand-Lavier">Bertrand Lavier</a> ou encore&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7958/Sarah-Lucas">Sarah Lucas</a>&nbsp;y furent, comme tant d’autres, exposé∙e∙s.&nbsp;</p><p>« À la fin des années 1970, des universitaires ont décidé de créer une association pour montrer de l’art contemporain. Plus de quarante ans après, nous sommes toujours là, à exposer l’art de notre époque et à constituer un public local, auquel on doit offrir des choses sérieuses à regarder. C’est la partie noble de notre travail, et c’est excitant de le faire partager à d’autres », confie Éric Troncy, le directeur du lieu, qui déclare garder un lien fort avec les artistes.&nbsp;« Nous sommes comme une entreprise familiale où ceux∙elles qui ont créé le lieu le dirigent encore. Cette permanence a créé une fidélité entre les artistes et nous. Une relation ne se résume pas à une exposition, comme c’est le cas avec certains musées. Nous montrons de jeunes artistes, mais pas forcément jeunes par l’âge », ajoute le directeur.&nbsp;</p>

<p>« L’Almanach 23 », quatrième édition de l’exposition biennale lancée en 2014 et actuellement à découvrir au Consortium, illustre cette approche. Quatorze jeunes artistes – dont la Néo-zélandaise Emma McIntyre et l’allemand Ernst Yohji Jaeger, mais également la dijonnaise Cécile Maulini – ont été invité∙e∙s, une salle étant dédiée à chacun∙e d’entre eux∙elles.</p><p>Si Xavier Douroux, l’un des fondateurs du Consortium et le créateur de la maison d’édition les presses du réel, a disparu en 2017, il reste très présent dans les mémoires. Douroux fut l’un des acteurs clés de la Société des Nouveaux commanditaires, organisation fondée « pour une commande artistique citoyenne », avec l’idée que chaque œuvre réalisée devienne « un acteur de la vie publique ». Depuis 1991, plus de 330 projets ont été réalisés dans le cadre de ce programme exceptionnel. L’intervention poétique de <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/10068/R%C3%A9my-Zaugg">Rémy Zaugg</a> au lavoir de Blessey à Source-Seine, un monument de <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7019/Thomas-Houseago">Thomas Houseago</a> à Dijon ou encore un marbre de Rachel Feinstein à Précy-sous-Thil ne sont que trois parmi les dizaines&nbsp;d’œuvres initiées par les Nouveaux commanditaires en Bourgogne.</p>

<p>La tradition du mécénat et de la création d’un patrimoine artistique in situ est donc présente depuis des siècles dans la région. Christian Zervos, fondateur des Cahiers d’Art, y participa également en léguant à sa mort, en 1970, sa collection à la ville de Vézelay – une collection installée dans la maison de l’écrivain Romain Rolland depuis 2006, faisant de la « colline éternelle », comme est surnommée Vézelay, un lieu de pèlerinage pour les amateurs d’art moderne. L’épouse de Christian Zervos, Yvonne, fut propriétaire d’une galerie à Paris, où elle exposa notamment <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/9213/Joan-Mir%C3%B3">Miró</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7632/Marc-Chagall">Chagall</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7552/Fernand-L%C3%A9ger">Léger</a> et <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/6746/Pablo-Picasso">Picasso</a>. On retrouve ces artistes au musée Zervos - Maison Romain-Rolland, accompagnés d’œuvres signées <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7979/Wassily-Kandinsky">Kandinsky</a>, Mondrian, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/6737/Alberto-Giacometti">Giacometti</a> ou <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/6732/Alexander-Calder">Calder</a>, notamment.</p>

<p>La Bourgogne est une terre fertile pour les artistes. Arrivé de Shanghai à Dijon en août 1980, le peintre <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7152/Yan-Pei-Ming">Yan Pei-Ming</a> y reste très attaché à la région où se trouve son atelier. Son geste ample, ses coups de brosse croquent les dictateurs, rendent hommage aux grand∙e∙s peintres de l’histoire – dont Courbet –, à sa mère ou à des femmes inconnues exhumées des réserves du fabuleux musée de l’histoire de la photographie Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône, qui explore le médium autant que ses usages.&nbsp;</p><p>L’artiste franco-chinois avait également choisi d’intégrer un portrait de Xavier Douroux à son exposition « L’homme qui pleure », qui a marqué la réouverture du musée des Beaux-Arts de Dijon, installé dans l’ancien palais des ducs, après sa rénovation en 2019 – une manière pour Yan Pei-Ming de se souvenir de l’impact que le Consortium, qui l’a associé à sa programmation dès 2005, a pu avoir dans son parcours.&nbsp;</p>

<p>La Bourgogne est aussi un territoire rural, offrant aux artistes une campagne peu urbanisée propice à la création. Elle est le lieu privilégié d’inspiration pour Mathilde Rosier, installée en Côte-d’Or depuis 20 ans. Peintre, plasticienne, vidéaste, elle prépare actuellement une exposition pour la Fondation Pernod-Ricard à Paris. « Ma carrière s’est vite construite à l’international : j’ai vécu dans quelques capitales, mais il est plus intéressant pour moi de vivre à la campagne. Toutes mes idées me viennent de là. Pour autant, cette campagne n’est pas un ermitage », confie l’artiste, qui a fait de l’hybridation entre animal, végétal et humain l’un de ses thèmes de prédilection. Pour elle, un∙e artiste « est un∙e éveilleur∙euse de conscience, qui participe à un élan d’intelligence, et apporte de la douceur et une forme d’amour ». Depuis sa campagne, elle se nourrit des saisons. « La création est l’expression de ma joie. Je me sens partagée par un élan de vie », confie-t-elle volontiers.</p>

<p>Le collectionneur Bruno Mory a également fait le choix de s’y installer voici plus de 20 ans pour y présenter, notamment, les œuvres d’Eugène Leroy, mais surtout les sculptures monumentales de <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7039/Mark-di-Suvero">Mark di Suvero</a>. L’artiste américain s’est exilé en Bourgogne dans les années 1970 et y a travaillé une dizaine d’années avant de retourner aux États-Unis, non sans avoir laissé derrière lui quelques pièces. Celles présentées par Bruno Mory prennent sens dans les étendues vallonnées du Clunisois, où on peut les admirer dans le parc de sa galerie de Besanceuil, qui a également accueilli, durant quelques années, une foire internationale d’art tribal. On retrouve Mark di Suvero à Chagny, la patrie d’un autre galeriste,&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/stories/pietro-sparta-gallery-burgundy-thomas-schutte-lawrence-weiner">Pietro Spartà</a>, qui expose dans cette autre partie de la Bourgogne, à deux pas de la Côte-d’Or, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7802/Christian-Boltanski">Christian Boltanski</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/6864/Annette-Messager">Annette Messager</a>, <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7516/Richard-Serra">Richard Serra</a> ou encore <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7037/Sophie-Calle">Sophie Calle</a>.</p>

<p>Spécificité régionale, le lien entre art sacré et art contemporain tisse une toile jusque dans les édifices les plus emblématiques de la Bourgogne. La région jouit en effet d’une densité exceptionnelle de bâtiments religieux, dont beaucoup datent de la période romane. L’abbaye de Cluny, plus grand édifice de la chrétienté avant la construction de Saint-Pierre de Rome, prolonge le dialogue entre ancien et moderne, invitant des artistes à y exposer.&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7410/Xavier-Veilhan">Xavier Veilhan</a> y a présenté, dans le cellier, son <em>Baron de Triqueti</em> en 2014. Dans quelques semaines, la chapelle Jean de Bourbon, chef-d’œuvre de l’art gothique en pleine restauration, s’ornera de vitraux commandés spécialement à&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/10413/Sarkis">Sarkis</a> : un travail sur le verre émaillé, comme une pluie colorée glissant sur les baies de la chapelle, qui s’accompagnera de la recréation de deux autels rappelant le mobilier disparu et jouant, là encore, avec la lumière.</p>

<p>Ce lien est encore plus prégnant au musée du Hiéron de Paray-le-Monial, rouvert en 2006. « L’art contemporain réveille l’intérêt du sacré », précise Dominique Dendrael, la conservatrice du lieu. Le dialogue a commencé par la rénovation du bâtiment, édifié entre 1890 et 1893, et se poursuit dans les salles d’exposition où voisinent chefs-d’œuvre de l’art roman, œuvres italiennes des 17e et 18e siècles, et pièces contemporaines. Sur l’un des murs, le <em style="background-color: initial;">Signe</em> créé pour le Carmel de Niort par Thomas Gleb en 1979 dévoile une blessure à même le crépi – une suture qui évoque la douleur et la Passion du Christ, tout comme <em style="background-color: initial;">Du sang et des larmes</em> d’Hélène Mugot, et ses dizaines de pampilles de cristal rouge et transparent, ou la <em style="background-color: initial;">Piéta </em>de Marcel Gromaire, pièce majeure des années 1930 prêté pour quelques mois encore par le musée d’Art Moderne (MAM) de Paris. Cet été, une nouvelle édition de la Biennale d’art sacré contemporain d’Autun aura pour thème la migration, et 25 artistes y exposeront leurs œuvres, dont <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/11371/Ai-Weiwei">Ai Weiwei</a>, Bahia Shehab et <a href="https://www.artbasel.com/catalog/artist/7525/William-Kentridge">William Kentridge</a>.</p><p>La relation&nbsp;intime qu'entretient depuis des siècles ce territoire avec l'art sous toute ses formes continue donc de prospérer. Les collectivités locales et le privé ont remplacé les puissants ducs, mais des formats innovants et le soin apporté au patrimoine local permettent aujourd'hui d'offrir au public un tissu culturel séduisant.</p>

<p>Meriem Souissi est journaliste et responsable des suppléments au Journal de Saône-et-Loire.</p><p>Publié le 17 mars 2023.</p><p>Légendes pour images et vidéos en plein écran: 1. Les vignes sur la route des Grands Crus. 2. Le Consortium de Dijon. 3. L'oeuvre de Rémy Zaugg à Source-Seine. 4. Deux personnes à l'abbaye de Cluny. Photographies et vidéos de Baptiste de Ville d'Avray pour Paris+ par Art Basel.</p>

title_style_2

<section><section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p> <section></section></p><section><div><div><section><main><div><div><p>Le galeriste a convaincu Lawrence Weiner et Richard Serra d'exposer dans sa Bourgogne natale. Quel est le secret de sa réussite ?</p></div> </div><section></section></main></section></div></div></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section><section> <section><main><section></section></main></section></section> <section></section>

Stories

L'inhabituelle proposition de Pietro Spartà

<section><section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p> <section></section></p><section><div><div><section><main><div><div><p>Comment la ville rouge est devenue l’un des centres culturels les plus dynamiques du Maroc</p></div> </div><section></section></main></section></div></div></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section><section> <section><main><div><div><section></section><section> <section><main><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section>

La scène contemporaine à Marrakech

<section><section><main><div><div><section></section><section><section><main><div><div><p> <section></section></p><section><div><div><section><main><div><div><p>Un foisonnement de projets, notamment dans l'espace public, dynamise la scène artistique de la deuxième ville suisse</p></div> </div><section></section></main></section></div></div></section></div> </div><section></section></main></section></section></div> </div><section></section></main></section></section> <section></section><section></section><section> <section><main><section></section></main></section></section>

Surprendre plutôt qu'éblouir : à Genève, un monde de l'art contemporain en mutation exponentielle

Musées en vogue, artistes connu∙e∙s, et mécènes innovateur∙rice∙s: la région est dotée d'un écosystème artistique d'une richesse surprenante



Destinations

BNM - Banner Module

PARAG1

dijon

PARAG2

consortium

PARAG3

lavoir Zaugg

PARAG4 + 5

Dijon streets

Text Module

Yan Pei-Ming

PARAG6

Rosier

Vignes

PARAG8+9

Cluny

Image Module

Credits

H2 - Headline title

Information module

The French region sports must-see museums, talented artists, and an unusual form of patronage

Welcome,

Recommandé :